Après avoir participé, début octobre, aux consultations parlementaires sur la planification de l’immigration au Québec 2026-2029 et faire entendre la voix des restaurateurs, l’ARQ, par l’intermédiaire de son vice-président Affaires publiques et gouvernementales, Martin Vézina, cosigne aujourd’hui une lettre ouverte avec Marie-Pier Richard, vice-présidente Québec de Restaurants Canada, pour alerter le gouvernement sur ce dossier :
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« Alors que s’achèvent les consultations parlementaires sur la planification de l’immigration au Québec, nous tenons à partager les inquiétudes qui préoccupent le monde de la restauration à l’aube de l’annonce de nouveaux seuils.Si, dans les prochains jours, le ministre Jean-François Roberge annonce des seuils d’immigration plus bas, particulièrement en ce qui a trait aux travailleurs étrangers temporaires, nous sommes inquiets que les restaurateurs des quatre coins du Québec doivent dire au revoir à de nombreux employés devenus essentiels au bon fonctionnement de leurs restaurants.
Que se passera-t-il alors? La restauration est déjà le deuxième secteur avec le plus de postes vacants au Québec, tout juste derrière la santé et les services sociaux.
On a beau faire état du fait que le taux de chômage des jeunes est en hausse, que ce soit pour une question d’horaire, d’expérience ou de formation, ce ne sont pas tous les postes en restaurant qui leur conviennent. Et à certains endroits, le bassin de jeunes travailleurs n’est tout simplement pas suffisant.
On en veut pour preuve le fait que la proportion de jeunes dans nos restaurants est restée stable, malgré le recours aux travailleurs étrangers. En d’autres mots, ces deux types de travailleurs sont complémentaires et non des substituts.
Compte tenu des démarches complexes et du coût élevé requis pour embaucher et former des travailleurs étrangers temporaires, cette option n’a toujours été qu’un dernier recours. Pour plusieurs, la dernière option avant la fermeture.
Dans pareil contexte, les travailleurs étrangers ne doivent pas être perçus comme des concurrents pour les travailleurs locaux, mais plutôt comme des bouées de sauvetage qui permettent aux restaurateurs et aux travailleurs d’ici de garder leur emploi.
Depuis les restrictions imposées l’automne dernier, plusieurs restaurateurs se demandent d’ailleurs comment ils vont faire s’ils ne peuvent renouveler le permis de leurs travailleurs étrangers temporaires.
Aujourd’hui, l’inquiétude monte d’un cran, face à la possibilité bien réelle que le gouvernement québécois ne vienne réduire le nombre de travailleurs étrangers et n’apporte aucun assouplissement pour le renouvellement des permis de travail.
Drame humain
Que se passera-t-il alors? Une fermeture, puis une autre. Des rues principales qui se dévitalisent parce qu’on a moins de raison de s’y rendre. Des attraits touristiques soudainement moins attrayants, car on ne peut y manger. Une gastronomie moins vivante, car nos chefs les plus promoteurs se découragent face à des modèles d’affaires devenus impossibles, faute de main d’œuvre.
C’est sans parler des innombrables drames humains parmi ces gens qui nous ont fait confiance, qui ont appris le français et qui ont laissé famille et pays derrière pour offrir le meilleur d’eux même à une industrie qui est souvent notre meilleure carte de visite auprès des voyageurs étrangers.
Les restaurateurs québécois ne demandent pas la lune, seulement de pouvoir conserver les travailleurs déjà à leur emploi. Ces femmes et ces hommes sont déjà sur le territoire et se sont intégrés à nos communautés.
En nous forçant à leur dire au revoir, c’est à nos entreprises, nos communautés, nos travailleurs et nos clients que nous faisons du tort. Rappelons-nous-en, avant qu’il ne soit trop tard. »