
Face aux répercussions vécues par plusieurs de ses membres à la suite de l’annonce de mesures restrictives dans le Programme des travailleurs étrangers temporaires (PTET) en 2024, mises en place par le gouvernement fédéral, l’ARQ demande à celui-ci de réévaluer sa position dans ce dossier, ou tout du moins, assouplir les conditions afin de faciliter le renouvellement des permis des travailleurs déjà sur le territoire. Demande par ailleurs appuyée par le ministre de l’Immigration, de l’Intégration et de la Francisation, Jean-François Roberge en juin dernier.
Ces mesures ont eu de lourdes conséquences pour des milliers d’entreprises québécoises en termes de main-d’œuvre et la restauration n’y a pas échappé. L’abaissement du seuil du nombre maximum de travailleurs étrangers temporaires à seulement 10 %, au lieu de 20 % et la réduction de la validité du permis à un an, contrairement à deux ans auparavant, ont eu des impacts significatifs dans l’industrie. De nombreux employeurs ont dû laisser partir des travailleurs formés, bien intégrés dans leur communauté, ayant appris le français et apportant une contribution importante dans les opérations de leurs établissements.
La pénurie de main-d’œuvre se poursuit
L’ARQ le martèle, les besoins de main-d’œuvre de l’industrie ne se sont pas évaporés, ils sont encore criants dans plusieurs régions du Québec. Selon un sondage de l’ARQ effectué en mai 2025, 44 % des répondants ont affirmé avoir des postes vacants à temps plein pour la cuisine et 40 % pour la salle à manger. Concrètement, en moyenne par établissement, cela représente deux postes à temps plein à combler en cuisine et un poste à temps plein en salle à manger.
Un accès à la résidence permanente difficile
Il est aussi important de rappeler que les restauratrices et les restaurateurs québécois n’ont pas facilement accès à l’immigration permanente, une option qui serait souvent plus durable pour les employeurs. Ils doivent donc se tourner vers le PTET pour pourvoir les postes à temps plein ou des postes de gestion qu’ils sont incapables de pourvoir autrement avec la population locale. Ils ne dépensent pas des milliers de dollars pour faire venir ces travailleurs par choix, mais bien parce qu’ils n’ont pas le choix.
Des retombées directes sur l’économie
Le départ de nombreux travailleurs étrangers temporaires et la restriction d’en embaucher de nouveaux à moins de remplir des critères très exigeants, dont les payer 34,63 $/l’heure, feront en sorte que les exploitants devront limiter leurs heures d’ouverture, par manque de main-d’œuvre. Des établissements en région risquent aussi de fermer définitivement, faute d’avoir assez de bras pour opérer.
À l’heure où les voyageurs ont réorienté leurs déplacements en raison du climat politique actuel, s’alimenter facilement en voyageant risque de devenir un peu plus ardu pour ceux-ci. Le Québec étant réputé pour son hospitalité touristique, il serait important à la base que les établissements de restauration puissent continuer de le faire dans des conditions favorables. Le plus gros impact à craindre dans l’offre de restauration disponible risque de se faire sentir surtout pour la saison estivale 2026, particulièrement en région, alors que la majorité des permis pour les travailleurs étrangers temporaires arriveront à échéance et ne pourront pas, dans de nombreux cas, être renouvelés en raison du ratio de 10 % autorisé.