Immigration temporaire : les entreprises québécoises demandent plus de souplesse dans une lettre ouverte

11 juin 2025

Lettre adressée à l’Honorable Patty Hajdu, ministre de l’Emploi et des Familles du Canada et Monsieur Jean-François Roberge, ministre de l’Immigration, de la Francisation et de l’Intégration du Québec.

Les entreprises québécoises sont très inquiètes des restrictions récentes relatives aux programmes de travailleurs étrangers temporaires de la part des deux ordres gouvernementaux et de l’incidence que cela aura sur leurs activités et l’économie. Par la présente, les organisations signataires, représentant des centaines de milliers d’entreprises et de municipalités, faisons la demande urgente d’adopter un moratoire et de reculer sur les récentes restrictions.

Tout d’abord, le Québec est confronté à des défis démographiques importants, notamment un besoin grandissant de main-d’œuvre qualifiée. Les analyses économiques du Conseil du patronat du Québec montrent qu’en 2024, seulement 93 jeunes pourraient entrer sur le marché du travail pour 100 possibles départs à la retraite. Sans immigration, impossible de combler ce déficit démographique. 

De plus, le taux de chômage est de 5,8 % au Québec tandis que le taux de postes vacants a augmenté de 5,1 % au 4e trimestre de 2024 par rapport au trimestre précédent1. De même, le gouvernement du Québec évalue que sur 500 métiers et professions, plus de la moitié présentent un déficit de main-d’œuvre, un état de fait qui se poursuivra jusqu’en 2028, au minimum. Ces données confirment que les travailleurs récemment disponibles sur le marché du travail ne peuvent pas, à court terme, pourvoir les postes laissés vacants par les travailleurs étrangers temporaires (TET), particulièrement en région. 

Ensuite, selon un récent sondage de la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante (FCEI) auprès de 1  128 entreprises québécoises, 90 % des PME qui utilisent le Programme des travailleurs étrangers temporaires (PTET) ne pensent pas pouvoir remplacer les travailleurs qu’elles perdront.  

Un sondage de la FCCQ révélait qu’avec la perte de ces travailleurs, 64 % des entreprises répondantes prévoyaient être contraintes de, soit ou à la fois, refuser ou perdre des contrats, réduire leur production et/ou fermer un quart de travail.  

En vue de renouveler ou d’obtenir des travailleurs étrangers temporaires pour la saison 2026, la période actuelle est cruciale pour les entreprises, notamment en région, tel que reconnu par le gouvernement québécois lors de la publication du cahier de consultation sur la planification pluriannuelle de l’immigration 2026-2029. Force est de constater qu’il y a beaucoup d’inquiétudes dans l’air et que les répercussions sur l’économie pourraient être dramatiques. Dans un contexte de guerre tarifaire qui crée une grande incertitude économique, nuire aux entreprises et à leur productivité avec les restrictions imposées au PTET compromet non seulement la situation économique actuelle du Québec, mais aussi son avenir.  

C’est pourquoi nous unissons nos voix pour vous demander : 

  • D’adopter un moratoire immédiat sur les restrictions au PTET :
  • Rétablir à 2 ans la durée maximale d’emploi pour les postes à bas salaire; 
  • Rétablir à 20 % la limite du nombre de travailleurs étrangers temporaires (TET) dans les postes à bas salaire, du moins dans les régions, indépendamment du secteur ou de la durée du contrat; 
  • Rétablir la liste de traitement simplifié et ses modalités d’utilisation qui prévalaient avant septembre 2024;  
  • Ramener au salaire moyen du Québec, le seuil déterminant le volet des postes à haut salaire du Programme des travailleurs étrangers temporaires; 
  • Stopper la suspension de traitement des études d’impact sur le marché du travail (EIMT) pour les régions qui ont été restreintes. 
  • Mettre en œuvre des mesures permettant aux employeurs de conserver leurs travailleurs étrangers déjà présents au Canada (clause d’antériorité), afin de préserver la continuité de la main-d’œuvre et de répondre aux besoins réels du marché du travail. 
  • Créer une voie d’accès à la résidence permanente pour les travailleurs étrangers temporaires peu qualifiés qui ont maintenu leur statut légal et acquis une expérience professionnelle au Canada.

Ces modifications sont urgentes pour l’économie du Québec et du Canada. 

Cosignataires :

Véronique Proulx – Présidente-directrice générale de la Fédération des chambres de commerce du Québec
Marie-Claude Perreault, CRIA – Présidente et cheffe de la direction par intérim du Conseil du Patronat du Québec
François Vincent – Vice-président, Québec de la Fédération canadienne des entreprises indépendantes
Anne-Renée Meloche – Vice-présidente ressource humaine et communications du Groupe Meloche et porte-parole de l’Alliance pour la main-d’oeuvre étrangère 
Jacques Demers – Président de la Fédération québécoise des municipalités, maire de Sainte-Catherine-de-Hatley et préfet de la MRC de Memphrémagog 
Guillaume Tremblay – Président de l’Union des municipalités du Québec et maire de Mascouche 
Pierre Graff – Président-directeur général du Regroupement des jeunes chambres de commerce du Québec
Eve-Marie Marchand – Présidente du Regroupement des sociétés de développement commercial du Québec
Véronyque Tremblay – Présidente-directrice générale de l’Association Hôtellerie du Québec
Pierre-Alexandre Blouin – Président-directeur général de l’Association des détaillants en alimentation du Québec
Martin Vézina – Vice-président, Affaires publiques et gouvernementales de l’ARQ
Marc Cadieux, LL.B. – Président-directeur générale à l’Association du camionnage du Québec
Mélanie Lussier – Présidente-directrice générale à Aéro Montréal
Marc Thomson – Directeur général de l’Association des écoles de conduite du Québec
Gabriel Tremblay – Directeur général de Charl-Pol inc.
Félicité Donyo – Présidente de Les Entreprises Albert Cloutier Ltée.
Geneviève Bich – Vice-présidente, ressources humaines à Metro inc.
Marie-Jeanne Bonneau – Directrice générale adjointe à Dodec
Claude Gagné – Directeur général de FABMEC
Frédéric Marier – Président-directeur général de Teknion Roy & Breton
François-Xavier Bonneville – Directeur général de Lepage Millwork
Jean-Denis Toupin – Directeur général du Groupe Proco Inc.