Les mythes de la restauration passés au crible

8 novembre 2017

À l’automne 2016, l'ARQ et le Conseil québécois des ressources humaines en tourisme (CQRHT) ont réalisé une vaste enquête afin de mieux comprendre la réalité des travailleurs de la restauration. Signe de l’importance qu’accordent les travailleurs de la restauration à leur emploi, plus de 1 000 réponses valides ont été obtenues, en plus de nombreux commentaires et suggestions.

L’enquête a permis de déboulonner bien des mythes concernant le travail en restauration et d’identifier les pratiques où les restaurateurs font bonne et moins bonne figure. Elle fournit des pistes d’amélioration aux restaurateurs soucieux de retenir leurs travailleurs plus longtemps, une stratégie gagnante en cette période où le recrutement de personnel est difficile.

LES MYTHES

1. Les employés ne travaillent que pour leur paye !
Les travailleurs de la restauration sont des gens passionnés ! En fait, 71 % sont satisfaits ou très satisfaits du sentiment de réalisation personnelle qu’ils retirent de leur travail.

2. Les employés sont d’éternels insatisfaits !
L’enquête a identifié plusieurs zones de satisfaction très élevées. En effet, 86 % ont l’impression de faire partie d’une équipe. De plus, la reconnaissance manifestée par les clients et la flexibilité des horaires sont des sources de satisfaction pour 81 % des répondants.

3. Les travailleurs de la restauration ne sont que de passage !
En réalité, 80 % des répondants estiment très probable ou assez probable qu’ils continuent à travailler dans le secteur de la restauration. C’est plutôt envers leur employeur actuel qu’ils sont moins fidèles : seulement 54 % estiment probable d’être encore à son service d’ici trois ans.

LES BONNES PRATIQUES

1.Des pratiques d’accueil et d’intégration utiles, efficaces et de qualité
La satisfaction à l’égard de l’accueil et de l’intégration des nouveaux employés s’est avérée très élevée. Globalement, 85 % des répondants estiment que la formation à la tâche qu’ils ont reçue leur a été utile ou très utile. Bon nombre de répondants ont cependant souhaité un meilleur encadrement des jeunes afin de les garder motivés durant la cruciale période d’intégration.

2. Un sentiment de réalisation de soi au travail nourri par des bonnes pratiques de RH
Le sentiment de réalisation de soi très élevé des travailleurs est nourri par la variété des tâches (74 %), les possibilités qui leur sont offertes d’utiliser leurs capacités (73 %) et celles de pouvoir essayer leurs propres méthodes pour réaliser leur travail (70 %).

3. Des supérieurs immédiats qui jouent un rôle actif de soutien au
quotidien !

L’appui du supérieur immédiat dans l’exécution des tâches est apprécié, obtenant une satisfaction de 71 % pour l’aide obtenue du supérieur en cas de besoin, de 74 % pour ses réponses aux questions, demandes et préoccupations, et de 69 % pour son appui aux décisions et initiatives prises par l’employé.

LES PRATIQUES À AMÉLIORER

1. Un rythme et un volume de travail difficilement soutenables à long terme
En tout, 93 % des répondants estiment que leur travail leur impose d’aller vite et que le volume est exigeant. De plus, 31 % estiment ne pas avoir suffisamment de temps pour faire leur travail, une insatisfaction qui grimpe à 37 % lorsqu’on considère uniquement les travailleurs en cuisine.

2. Des investissements trop faibles dans le capital humain
Les faibles possibilités de développement des compétences offertes au personnel ne permettent pas de nourrir la passion qu’ils ont pour leur métier. À peine 50 % des répondants disent avoir bénéficié d’une formation dans l’année précédant le sondage. Or, ce dernier révèle que les probabilités de rester chez le même employeur augmentent sensiblement avec l’envergure de la formation reçue. Les travailleurs ont aussi été nombreux à dire que les restaurateurs eux mêmes auraient avantage à recourir à la formation, notamment pour bonifier leurs habiletés en gestion des ressources humaines et en gestion des coûts.

3.Une faible reconnaissance de la contribution des employés, surtout des travailleurs en cuisine
La faible propension des restaurateurs à souligner les bons coups des employés est une source importante d’insatisfaction. Cette lacune a fait l’objet de beaucoup de commentaires, surtout pour les travailleurs en cuisine qui, contrairement au personnel en salle, ne peuvent compter sur les mots et gestes d’appréciation de la clientèle. Pour le personnel en cuisine, la rémunération et les écarts salariaux par rapport à la salle sont aussi des sources d’insatisfaction particulièrement importantes

Par Sylvie Baillargeon, chargée de projet, recherche et analyse, au Conseil québécois des ressources humaines en tourisme (CQRHT).

Article paru initialement dans le HRImag Hiver 2017 et sur le site HRImag.

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