Élargissement de la consigne : un fardeau supplémentaire pour les exploitants de restaurants

30 janvier 2020

L’Association Restauration Québec (ARQ), qui représente près de 5 700 gestionnaires de la restauration présents dans toutes les régions, dit craindre pour ses membres les impacts de l’imposition d’une consigne sur tous les contenants de boisson d’ici la fin de 2022, comme l’a annoncé ce matin le ministre de l’Environnement, Benoit Charrette. L’ARQ juge que cette mesure alourdira le fardeau déjà important des restauratrices et des restaurateurs.

Même s’ils réitèrent leur engagement à soutenir les efforts faits par le gouvernement pour protéger l’environnement, les gestionnaires de la restauration sont, entre autres, grandement préoccupés quant à la gestion des contenants vides dans leurs établissements, particulièrement en ce qui concerne les bouteilles de vin et de spiritueux. À moins d’avis contraire, ces contenants ne seront pas repris par la SAQ, même si c’est cette société d’État qui les vend et les livre aux titulaires de permis d’alcool du Québec. Devoir se déplacer pour rapporter plusieurs dizaines de bouteilles de toutes sortes à un centre de dépôt désigné qui, pour certaines municipalités autant urbaines que rurales, pourrait être à une importante distance des établissements, n’apparaît pas comme une solution acceptable pour les exploitants.

Une occasion ratée

Pour l’ARQ, choisir la voie de l’élargissement de la consigne est une occasion ratée de moderniser les centres de tri afin que ceux-ci puissent trier efficacement toutes les matières, incluant les contenants de verre qui ne seront pas visés, comme les pots de confiture, de marinades ou autres. Le projet Verre l’innovation mené par Éco Entreprises Québec a démontré qu’il était possible d’obtenir un taux de pureté du tri par couleurs de 97 % à la sortie du conditionneur assurant un verre recyclé de qualité pour tous les débouchés. Cette technologie aurait pu être étendue à tous les centres de tri au lieu de penser construire 400 centres de dépôt, voir plus, et créer un nouveau système de récupération parallèle puisque la collecte sélective, telle qu’on la connaît mais qui sera fragilisée, devra rester en activité.

L’ARQ souhaite évidemment être partie prenante des discussions qui entoureront la mise en place de la consigne, afin de bien faire connaître la réalité de ses membres reliée à la gestion de ces contenants.

 

Les faits saillants à retenir

- Élargissement de la consigne à tous les contenants de boisson prête à boire de 100 millilitres à 2 litres, qu’ils soient en plastique, en verre ou en métal. Les contenants de type carton multicouche seront également visés, mais dans un second temps.

- La consigne sera fixée à 0,25 $ pour les contenants de vin et de spiritueux et à 0,10 $ pour tous les autres contenants consignés, une uniformisation qui « permettra de simplifier le processus pour les détaillants concernés et pour le public »

- Les entreprises qui mettent en marché les contenants de boisson auront la responsabilité financière, opérationnelle et communicationnelle du nouveau système à travers un organisme reconnu par RECYC-QUÉBEC, qui agira en son nom

- Les entreprises devront s’assurer que 75 % des contenants consignés seront récupérés et recyclés en 2025 et que 90 % de ces contenants le seront en 2030. À défaut d’atteindre ces cibles, elles se verront imposer des pénalités. 

- Les entreprises ont un an pour déposer un plan de déploiement de la consigne, soit jusqu’en janvier 2021. Selon le scénario privilégié actuellement, ce réseau serait constitué à la fois de points de récupération chez des détaillants et de centres de dépôt mis sur pied par l’industrie.

- La consigne élargie entrerait en vigueur progressivement à partir de l’automne 2022

 

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